En 2020, je débutais une formation pour devenir thérapeute. Notre enseignant nous a demandé une dissertation sur notre motivation à pratiquer ce métier.
Voilà ma réponse de l’époque.
Le mot thérapeute vient du grec ancien « therapeutés » signifiant « celui qui prend soin de quelqu’un ».
Parmi mes prises de conscience de ces derniers mois, il y a notamment le fait que je ne contrôle rien et que je me trouve là où je dois me trouver.
Partant de ce postulat, il m’est difficile de dire aujourd’hui que je veux exercer le métier de thérapeute. Je ne sais pas ce que cette formation va engendrer comme changement, ni où j’en saurais dans un an et encore moins si je serai enthousiasmée par ce métier que je connais uniquement dans la théorie. Ma motivation actuelle est le fruit de mon imagination. Au-delà des connaissances que nous allons acquérir dans cette formation, il va me falloir de l’expérience avant de dire « je veux devenir » et peut-être que je ne le dirai jamais mais exercerai.
Dans tous les cas, thérapeute ou non, j’ai vraiment envie d’aider et d’apporter, du mieux que je peux aux autres. La forme que cela prendra ? Seul l’avenir nous le dira.
Dois-je avoir souffert pour devenir thérapeute ou est-ce pour sortir de la souffrance que j’aimerai devenir thérapeute ?
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’avoir tout vécu pour pouvoir aider les autres, par contre, il est indispensable, pour vraiment aider, d’avoir travaillé sur ses propres souffrances afin de pouvoir guider l’autre en restant neutre, connecté à la personne et non à notre histoire. Il est impératif également d’avoir développé des qualités essentielles à ce métier : la validation de la personne, le non jugement, la bienveillance…
La vie a joué son rôle apportant ses moments de joie, en majorité circonstancielle, et des périodes plus difficiles qui furent pour moi de vraies souffrances dans mon interprétation de la réalité. L’ignorance est le mot adéquat, que ce soit face à mes illusions mais surtout à la durée de ce ressenti. De ce que le monde médical appelle une dépression à 14 ans à une obésité morbide, j’ai été malveillante envers mon corps et avec mon esprit pendant des années et encore aujourd’hui parfois. Et ce n’était que la partie visible de l’iceberg. La partie immergée a encore des parties inconnues, même pour moi. Je verrai ce que la partie introspection de la formation fera ressortir.
En attendant je suis consciente des empreintes invisibles qui m’ont façonnées au fil du temps : profond sentiment de solitude, manque d’amour, manque de considération pour moi-même. J’ai fait partie de ses ados qui attendent l’amour comme un sauveur : « on va m’aimer et tout ira mieux, j’en vaudrais la peine »…
Des années à changer de masques pour donner l’impression que tout va bien, même à moi-même ; à m’adapter aux autres pour essayer de me persuader que j’ai ma place dans cette société que je ne comprends pas, que j’ai de la valeur et que demain sera différent…
Une routine s’était installée. Ma vie était une pièce de théâtre et je changeais de rôle tellement souvent que je ne savais pas répondre à des leitmotiv : « qu’est-ce que je veux ? Qui suis-je ? A quoi je sers ? ».
Médicalement mon cœur battait, j’avais une activité cérébrale donc j’étais en vie. Mais intérieurement, psychologiquement, ce n’était pas ce que je ressentais. J’avais l’impression qu’autour de moi tout le monde s’était trouvé et construisais sa vie alors que j’étais à contre-courant.
Cette sensation de ne pas être d’un grand intérêt m’a permis de développer certaines qualités d’observation et d’écoute en premier lieu et cela a donné naissance à une profonde envie d’aider les autres.
L’intention était là mais qu’en était-il de mes motivations?
M’occuper des autres me permettait de me sentir utile. J’avais l’impression que ce que j’avais vécu servait finalement à d’autres personnes. Je me sentais accueilli par les gens en difficulté qui appréciaient qu’on les écoute. Cela me permettait de remplir un vide, de me détourner de moi, de mes soucis. Je n’avais pas à me poser la question pour savoir ce que je voulais ou quels changements appliquer. J’étais occupée à aider les autres donc je n’avais pas besoin de penser à moi, d’analyser ce que je vivais. Inconsciemment, j’essayais de me soigner moi-même et j’apportais aux autres ce que j’aurais voulu avoir pour moi. Je vivais ma vie par projection à travers celle des autres ou dans mon imagination, là où tout était possible et où tout se passait bien.
A partir de là, je nourrissais ma souffrance dans l’ignorance des mécanismes de l’esprit.
La vie m’a amené à découvrir les neurosciences. Comprendre le cerveau pour aller mieux, voilà ce que je voulais apprendre et rajouter à mes bagages.
Mon cousin m’a alors parlé de David Lefrançois et en allant sur sa chaîne Youtube je suis tombée en plein lancement de la NeuroBusiness School. Mon évolution personnelle à travers le coaching offert m’a donné envie de faire la même chose pour aider les gens. Donc direction l’Institut des neurosciences appliquées, l’école de David Lefrançois, où pendant 6 mois, j’ai appris les techniques de coaching personnel et professionnel spécialisées en neurosciences motivationnelles. J’en suis sortie avec une mention, une panoplie d’outils, des envies plein la tête mais pas pour autant de perspectives d’avenir.
Un parcours introspectif m’a permis, d’avancer sur beaucoup de choses, de lâcher énormément de mes peurs et de mes doutes. Je vois désormais la vie autrement et j’ai pu expérimenter la foi et l’enthousiasme.
Malgré ces avancées, quand tu m’as parlé de la formation de thérapeute, je n’ai pas adhéré tout de suite. Mon choix de travailler avec des entrepreneurs sur la performance (bien que je n’aime pas ce mot) était délibéré. J’avais conscience que je fuyais la souffrance. J’étais une éponge beaucoup trop sensible pour cela.
« Tu es une personne de cœur, tu n’as pas le choix » m’as-tu dit en riant.
Il m’a fallu plusieurs semaines pour arriver à m’imaginer dans cette posture. Cela a eu lieu pendant que je marchais, en pensant à ma tante en difficulté depuis des années. Je me suis visualisée en train de l’aider sans rentrer dans son histoire personnelle comme tu le proposes. Je n’avais pas à me confronter au quotidien des personnes et à leurs souffrances.
Mon « oui » a tout de même été timide. Je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir des appréhensions sur mes compétences, je me confrontais à mes peurs et à mes limitations. Mes difficultés à lâcher-prise se font ressentir sur ce plan-là.
J’ai, à plusieurs reprises, imaginé un cabinet dans un futur chez moi.
Ce que j’y fais change tout le temps en fonction de mon parcours et de mon processus personnel. Alors oui en ce moment, il m’arrive de me visualiser en thérapeute faisant en parallèle de l’énergétique pour pouvoir travailler sur les personnes en profondeur sur différents plans. Je visualise même le cocooning des lieux, les touches de couleurs, la luminosité chaleureuse…
J’ai encore beaucoup de capacités à développer, notamment pour me connecter à l’autre et sortir de mes peurs de mal faire.
Je vais donc opter pour l’option « pas d’objectif » comme je l’ai fait lors de mon opération de l’obésité. Je voulais laisser mon corps faire sans me mettre la pression, là je vais laisser mon esprit faire de la même manière, du moins jusqu’à ce que cela s’éclaircisse, que mes capacités se révèlent.
Je dois être au clair avec moi-même et là j’ai encore des contractions. Autant les vivre maintenant pour débloquer quelques portes et pouvoir apporter davantage à mes clients plus tard.
Je suis mon propre obstacle encore j’en conviens. Les choses se mettent en place doucement et mon discours intérieur change aussi tout comme ma vision sur la vie.
Dans tous les cas, je ne compte pas chercher à devenir mais plutôt essayer d’Être.
Je suis ce que je suis ici et maintenant et c’est parfait comme ça.