Bonjour, je suis Nathalie et comme le nom de cette chronique l’indique, je suis une ancienne obèse. Je vais vous raconter mon parcours parce que nos histoires de vie ont beau être différentes, nos processus restent les mêmes…

 

Courses et shopping  

 

Faire ses courses au drive est une nouvelle habitude. Il y a encore quelques années, je devais, comme des milliers de personnes, me rendre dans un supermarché.

C’était plutôt anodin, un caddy ou un panier, quelques courses, le passage en caisse et voilà…

Mais c’était sans compter sur le regard des autres et leur jugement.

 

Être obèse est souvent stigmatisé.

Si tu en es là, c’est de ta faute : « tu manges n’importe quoi, ne te bouges pas… ».

C’est considéré comme un manque de volonté pour certain et de la fainéantise pour d’autre.

 

Vous arrive-t-il d’acheter de la glace, des bonbons, du chocolat, des viennoiseries, du fromage, des chips…bref quelque chose entrant dans la catégorie calorique ?

C’est plutôt commun mais en étant obèse, j’étais cataloguée « C’est normal que je sois comme ça ».

 

Après des remarques, sous-entendus et regards appuyés dans ce sens, deux phénomènes se mettent en place.

  • Je me sentais mal de faire les courses ;
  • Je suis devenu parano, à vouloir expliquer que j’ai acheté des fruits et des légumes à un producteur local, que tout ça n’est pas juste pour moi…

En réalité, tout le monde ne regarde pas le contenu de mon caddie et il n’y a que dans la publicité que les caissières analysent ce que j’achète.

Mais marquée par quelques personnes, le doute et le mal-être étaient devenus constants.

 

Ce sentiment n’est pas limité au supermarché, j’ai ressenti ce jugement à la boulangerie ou en mangeant à l’extérieur.

Une fois, sur une brocante, derrière mon stand, je mangeais quand un couple s’est arrêté, l’homme disant « vous n’allez pas manger tout cela ? ».

Surprise, j’ai répondu que non, cette salade de pommes de terre était pour tout le monde…

Mais oui, en tant qu’obèse, j’ai eu le droit à un traitement personnalisé, des inconnus s’arrêtant, jugeant et me donnant l’envie de me recroqueviller, la boule au ventre.

 

Une étude parue dans « Obesity » montre que les personnes victimes de  « Fat shaming », c’est-à-dire de moqueries… se renferment sur elles-mêmes, consomment davantage de calories, cessent de pratiquer une activité physique, créant un cercle vicieux…

 

J’ai pu dire à plusieurs reprises que « je m’en foutais du regard des autres »…mais c’était faux.

J’essayais de me persuader moi-même mais j’étais touchée, je me sentais rejetée, jugée et mal dans ma peau.

 

Ce qui est ironique, c’est que même après avoir perdu du poids, je me retrouvais à la caisse du supermarché à vouloir justifier mes achats. Les empreintes négatives ont laissé des traces profondes que n’efface pas mon physique actuel.

C’est vraiment avec une longue et profonde introspection ainsi que la création d’empreintes positives avec mes amies que j’ai lâché ce discours interne, prenant même plaisir à manger un cookie en balade, à la vue de tous…

Aujourd’hui je sais que je suis responsable de mes souffrances.

Je ne peux pas empêcher les autres de parler, de me juger mais accueillir les évènements ne dépend que de moi.

 

 

Pour rester dans la lignée des magasins, un autre phénomène problématique en tant qu’obèse est le shopping. Dans les séries américaines, tu vois des femmes avec des tenues grandes tailles magnifiques et qui les mettent en valeur. Je n’ai pas trouvé cela en France à un prix abordable.

 

Ici, il faut déjà repérer les boutiques qui vendent des grandes tailles et entendons-nous bien, le 42-44 n’est pas une grande taille pour moi !

Les séances de shopping entre copines sont parfaites pour se sentir à part et frustrée. J’ai pu acquérir une belle collection d’accessoires (une écharpe est taille unique en général…) avant de renoncer à cette pratique qui n’était plus un plaisir.

 

Pourtant plus de 40% des femmes s’habillent en taille 44 et plus.

Si cette cible n’est pas à négliger, elle est plus contraignante pour les boutiques. La morphologie des femmes rondes varie davantage qu’une femme mince.

Ventre, cuisses, poitrine changent en fonction de la personne, il faut donc avoir un certain savoir-faire pour proposer des vêtements adéquats. C’est un investissement que peu de marques font. D’autant plus qu’être associée à de la grande taille n’est pas valorisant pour elles.

 

Heureusement, il existe des magasins moins discriminants avec une grande variété de choix. Le rayon grande taille est souvent le plus petit du magasin, au fond ou dans un coin mais parfois j’ai pu y faire de surprenantes trouvailles.

Je pense qu’il y a une petite incompréhension de la part de certains stylistes mais tous les goûts sont dans la nature…

Personnellement, je n’adhère pas trop au concept : ultramoulant, court et multicolore ou au contraire, terne et large comme un sac à patate…Il y a des entre deux dans d’autres pays mais pas dans les magasins que je fréquentais.

 

De plus, être obèse implique d’avoir du budget et de savoir se projeter.

Un même manteau dans une grande enseigne était 3 fois plus cher en 50 qu’en 38. Alors oui, il faut plus de tissus, j’en conviens mais il n’y aurait pas une petite exagération là ?

En fait, tout est dans l’offre et la demande expliquent ces boutiques. Il y a moins d’achats en taille 50, soit moins d’économies d’échelle dues au nombre de pièces achetées, le prix de revient est donc plus important.

 

Quant aux sous-vêtements, au-delà du bonnet D, si je ne voulais pas un truc de grand-mère, je devais commander sur internet. Il faut mieux ne pas être adepte des essayages.

 

Tout cela peut tenir de l’anecdote face aux drames qui arrivent tous les jours dans le monde.

 

Devoir acheter des bottes sur internet parce que « mollets larges » ne veut rien dire en France ou ne pas pouvoir fermer complètement ses bottines pour laisser le sang passer, peut donner lieu à de vrais rigolades si l’histoire est bien racontée.

Mais au quotidien, être obèse impliquait suffisamment de souffrances pour que je n’ai pas, en plus, à galérer pour seulement m’habiller et avoir des tenues dans lesquelles je me sentais bien, mise en valeur et qui me valorisaient.

 

Aujourd’hui, je ne vais quasiment plus dans les boutiques donc cela a peut-être changé.

Il est vrai que ma façon de consommer a évolué. Je ne cherche plus à « avoir » pour « être ». J’achète d’occasion en privilégiant la qualité à la quantité et en ne cherchant plus à rentrer dans un moule ou à posséder pour avoir l’impression d’exister.

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