En 2020, je débutais une formation pour devenir thérapeute. Notre enseignant nous a demandé une dissertation sur le processus de cheminement de la cessation des souffrances.
Voilà ma réponse de l’époque.
« Il est où le bonheur, il est où ?» de Christophe Maé résume bien l’attente et la recherche des individus.
Voilà une question qui vient dès le plus jeune âge, ma nièce de 6 ans me l’ayant posée. Sauf que cette interrogation laisse penser qu’il faut le chercher. A cette demande, l’univers ne peut pas y répondre.
En effet, le bonheur est déjà là, au fond de Soi, attendant un peu de place pour se manifester. Pour ce faire, il convient de sortir des souffrances.
Cela nécessite de passer par plusieurs étapes essentielles et indissociables pour parvenir à la cessation des souffrances.
La première étape de ce cheminement est la prise de conscience.
Nous ne pouvons changer que ce dont nous avons conscience. Hors, si la souffrance est perçue, elle peut être niée, minimisée, détournée…et au-delà de cela, il est nécessaire de savoir qu’il existe une autre voie, que souffrir n’est pas un passage, le leitmotiv d’une vie.
Cet état de fait peut être provoqué par une rencontre, une information…indiquant qu’il existe autre chose que la souffrance. Et ensuite par une mise en pratique à travers une introspection, pour un travail en profondeur sur Soi permettant l’éveil de la conscience.
Une fois cette première étape franchie, il convient de faire un choix : s’engager dans ce processus ou non.
De l’extérieur, cela peut sembler évident de vouloir sortir d’un état négatif mais plusieurs mécanismes entrent en jeu :
- L’Ego (détaillé plus tard) a une fonction homéostasique. Il y a un système en place, il doit le garder. De ce fait, il va répliquer et naturellement créer le doute, la suspicion face à cette promesse ;
- Le cerveau utilise 20 à 25 % de l’énergie dans le corps pour fonctionner. Il cherche donc à optimiser ses besoins et va créer des habitudes difficiles à changer.
- Le « fast… » tout est désormais accessible rapidement : les courses, les repas, les commandes, …Je veux, je click, j’ai… Avoir de l’éphémère ne demande plus d’efforts ou d’attentes, une introspection est tout autre. Cela implique un investissement, un engagement que tout le monde n’est pas prêt à faire.
Seuls une vraie motivation, une souffrance profonde ou un véritable élan du cœur permettent de dépasser durablement ces barrières.
La prise de conscience et le choix effectués vont permettre de commencer à sortir de l’ignorance grâce à l’étude et à la pratique. Commencer à étudier les mécanismes de l’esprit permet donc de sortir de nos souffrances grâce à la mise en pratique de ces nouvelles connaissances.
En effet, dans un premier temps, il est important de savoir qu’il existe plusieurs plans de la conscience : le plan temporel où l’on trouve les peurs, l’attachement, l’identification et donc la souffrance, et le plan subtil qui est en lien avec les mécanismes, lié au cœur et donc qui permet de se connecter à la joie tapie au fond de chacun.
Sortir du mental pour se connecter au monde vibratoire est possible à partir d’une vision globale de la conscience.
Dès lors que cette nouvelle conception est en place, il est possible de constater qu’il n’y a pas de connexion avec le monde vibration car tout passe par les sens. L’esprit est conditionné et le comportement des individus est influencé par 5 groupes : la matière, les perceptions, les sensations, les formations mentales et la conscience. Cette nouvelle compréhension permet de voir la place donnée aux sens dans le quotidien et de découvrir que tout est interprété à travers des filtres.
L’esprit n’est pas libre et il est limité. Tout n’est qu’une interprétation venant des conditionnements de l’éducation, de la société, de l’expérience…et c’est d’ailleurs tout cela qui entre en jeu lors d’une prise de décision. Avant de donner une réponse ou d’avoir une réaction, il y a un enchainement en cascade qui se produit dans l’arrière-plan de la conscience, cela s’appelle l’interaction. En une fraction de seconde, l’esprit synthétise ses informations et prend une orientation. Le Moi reproduit ces conditionnements provoquant une interprétation des faits, de la vie, de la sensation ressentie…
A partir de ce nouveau paradigme découle une réalité qui ébranle la vision faite de la vie et du contrôle de cette dernière.
Tout est interdépendant.
Toute action provoque une réaction. La conséquence de cette dernière deviendra une action et ainsi de suite. Dès lors, il est facile de comprendre qu’une action malveillante engendrera une réaction malveillante et cela créera un cercle vicieux.
De plus, la découverte de ce mécanisme permet de comprendre que le contrôle n’est qu’une illusion.
Comprendre et accepter ce lien de causalité et l’interdépendance va donner lieu au lâcher-prise de l’esprit sur son existence. Il n’y a pas un « Moi » et le reste du monde mais un Tout. Cette constatation permet de sortir de la dualité et donc de la souffrance. Sans cela, l’esprit se limite à ses organes de perception et cela va créer des illusions basées sur les peurs, le doute, l’insécurité…et c’est cette interprétation qui provoque de la souffrance. Désormais, il devient évident que seul l’expérience et la nature de cette dernière comptent, d’où l’importance d’être dans l’Ici et le Maintenant.
Cette notion fait partie des fondations pour aller vers la cessation de la souffrance tout simplement parce que dans l’Ici et le Maintenant, il n’y a pas ce passé qui n’est déjà plus, il n’y a pas de projections qui n’auront jamais lieu, il n’y a donc plus de dualité.
Avec un tel laisser-passer vers la paix et le calme intérieur, pourquoi l’Ici et Maintenant n’est pas pratiqué par tous ?
Le mécanisme suivant est un pilier dans la souffrance.
Comprendre son implication et son rôle dans la vie transforment.
L’impermanence rappelle que tout n’est que cycle : la naissance, le maintien et la mort. L’esprit ne veut pas mourir, il va donc créer un gardien, l’Ego. Ce dernier expérimente la vie à travers nos sens et donc comme indiqué plus haut, il va créer sa propre perception du monde et l’illusion d’être. Existant par instinct de survie, l’Ego n’accepte pas l’impermanence des choses et encore moins de lui-même. Il va donc chercher à le fuir et cela se ressent dans toutes les actions qui seront faussées car passant par ses filtres.
Pour cheminer vers la dissolution de l’Ego, il est nécessaire de comprendre le fonctionnement et la force de ce dernier, les interactions qu’il va avoir dans toutes les situations et l’interdépendance sous-jacente.
L’Ego cherche le bonheur à l’extérieur. En effet, le monde matérialiste le nourrie. Pour lui « avoir » c’est « Etre ». Il s’attache et s’identifie aux possessions mais aussi aux personnes, à une fonction, à un ressenti…mais comme tout n’est que changement car tout est impermanent, la souffrance est l’unique réponse.
Et face à la conscience de la mort, l’Ego provoque la peur à chaque sortie de zone de confort. Il se base sur les empreintes passées pour projeter le pire, provoquant un sentiment de peur dû à quelque chose qui n’est plus et projeté dans un futur qui ne sera jamais…une illusion de l’esprit en bref.
L’identification faite de ce ressenti passé, l’attachement à ce Moi qui cristallise un moment, une sensation, un « je suis » et l’ignorance des mécanismes provoquent la projection d’une souffrance qui n’a pas lieu. L’étude fait sortir de l’ignorance et la pratique permet d’être dans le Ici et Maintenant. La résultante de ces actions est l’absence de peur et donc l’absence de souffrance.
Vivre à travers l’Ego consiste à vivre à travers nos sens et donc dans une réalité propre à chacun où l’interprétation est de mise donnant lieu à une pléiade d’illusions.
Le Moi cherche un sens à son existence.
Tout ce qui se passe ne donnera lieu qu’à une interprétation du mental pour essayer de répondre à cette question, pour essayer de se rassurer, pour se donner une raison d’être et chercher un semblant de contrôle.
Sortir de cette vision restreinte de la réalité et des attentes, là encore source de souffrance, permettra de se connecter au Tout, de dissoudre l’Ego et donc d’atteindre la paix et l’harmonie.
Cela nécessite de sortir de ces illusions.
L’illusion de vivre en développant une soif insatiable de consommation, l’illusion de bonheur en s’attachant à du matériel, à des personnes et à Soi à travers des projections d’amour avec pour objectif d’être aimé en retour afin de remplir un vide en Soi.
L’illusion du temps linéaire rassure l’esprit à travers des repères de l’existence. En réalité, cela provoque des projections vers un avenir meilleur inexistant et plonge dans des souvenirs qui ne sont plus. Tout cela empêche la connexion au Ici et Maintenant.
L’illusion d’être « ceci » parce que l’Ego aura cristallisé le temps pour se nourrir en permettant au Moi de s’identifier à lui-même alors que tout n’est que changement provoque de la souffrance.
Tout cela est le fruit de l’ignorance. L’étude permet d’en sortir et donc d’aller vers la cessation de la souffrance grâce à la compréhension du Tout. Ce n’est pas « Moi et les autres ». La solution ne se trouve pas à l’extérieur. Tout est en Soi dans l’unité du Tout.
L’étude des facteurs mentaux et des afflictions mentales permettent de prendre conscience des interactions, de la causalité et du cheminement dans la conscience du monde vibratoire jusqu’au mental. L’esprit ne conçoit pas la réalité à l’instant présent à cause de ses limitations. Les pensées ne sont pas neutres mais s’y greffent des conditionnements, des projections, des peurs, des désirs…et tout cela laisse des empreintes. A partir de ces compréhensions, il est possible d’avoir du recul sur le processus en cours et de le faire évoluer pour sortir de la souffrance et aller vers le bonheur.
L’étude est l’une des bases sur le cheminement de la cessation de la souffrance.
Mais ne faire que cela nourrit le mental et donc développe un Ego spirituel. Seule la pratique apporte l’expérience de la connaissance.
Il convient, néanmoins, de ne pas avoir d’attente de résultat et de vivre le moment présent pour éviter la souffrance de la projection.
La pratique de la vie en conscience permet de cumuler des actions positives et vertueuses qui viendront combler les empreintes négatives et permettra de trouver le calme intérieur.
Pour ce faire la méditation permet dans un premier temps de prendre conscience de l’agitation de l’esprit et de quoi cette dernière est faîte : souvenirs passés, projections, rêves…
Méditer quotidiennement permet de calmer l’esprit et de se connecter à Soi.
Avec le temps et donc de la patience, cette pratique permet d’être beaucoup plus en conscience de la beauté, de la paix, de la félicité, de la lumière…Pendant ce moment avec Soi, l’esprit est si tranquille qu’il ne peut plus rien dire.
De plus, la méditation est un moment qui permet de développer la concentration et la sagesse. Grâce à l’étude des mécanismes en parallèle, il est possible d’être en lien avec les facteurs mentaux omniprésent dans la conscience pure, en lien avec la vibration du Tout.
La pratique passe également par l’écriture. En effet, cet exercice permet de clarifier les pensées et de révéler son intention et sa posture mentale.
Elle nécessite un temps d’arrêt, de connexion à Soi, pour éclaircir et formuler les pensées. Cet arrêt sur image cristallise le ressenti et les connaissances du moment. L’écriture permet donc de garder une trace de son évolution personnelle. Pour cela, il est nécessaire de déterminer avec précision l’intention de départ, de structurer les pensées et de prendre du recul pour exprimer l’essentiel. Cet exercice permet de se concentrer et par ricochet apporte calme et paix intérieur.
C’est d’ailleurs pour tous ces bienfaits que l’écriture est utilisée en thérapie. De par son côté introspectif, ce moyen d’expression est libérateur. Il permet de se poser dans l’Ici et le Maintenant.
L’important est de rester dans le plaisir. La formulation des mots est aussi un jeu : chercher celui qui fait sens, ceux qui s’accordent entre eux, la vibration engendrée…
Le silence est une pratique souvent négligée dans la société, malgré ses nombreux bienfaits. Au-delà du repos de l’esprit, il permet de se concentrer davantage et d’être en relation avec Soi. Le calme qu’il permet d’obtenir va permettre d’être plus à l’écoute de ses pensées, de son corps et de son intuition pour connaître la voie à suivre.
La cessation des souffrances passent par l’apprentissage de l’accueille. Etude et pratique n’efface pas d’un coup de baguette magique les difficultés, l’inquiétude et la douleur. Ces derniers sont moins présents grâce à la connaissance des processus, au Ici et Maintenant, au développement des actions vertueuses…mais la sagesse ne s’acquière pas en une nuit. Il faut donc faire face à des phases considérées comme négatives en n’essayant pas de résister, cela ne créerait qu’une contraction supplémentaire, mais en accueillant les ressentis tels qu’ils sont. Malgré les nuages ou la sensation d’être perdu dans la nuit, le soleil est toujours là, il n’est juste pas visible. Savoir que la joie est partout, à chaque instant aide à ne pas créer une souffrance sur une souffrance.
Effectuer un travail introspectif pour sortir de la souffrance met en place de nouvelles habitudes car tout est interdépendant.
Pour révéler son potentiel, il convient d’être en forme, d’avoir de l’énergie. Cela passe par de la qualité dans son alimentation, dans la nourriture de l’esprit, dans son sommeil, dans de l’activité physique et dans sa vie, par le rire et la créativité par exemple.
Pour développer ses qualités, il convient de faire preuve de persévérance, tout ne se transforme pas en une nuit (même si tout n’est que changement) et tous les effets ne se feront pas ressentir, d’où l’importance de ne pas avoir d’attente et de faire les choses avec enthousiasme et dévotion.
Il est important, quel que soit le résultat, de ne pas cristalliser un ressenti, un sentiment, une compétence…et de ne jamais croire qu’il y a une fin à l’apprentissage et à la pratique.
Peu importe les circonstances de la vie, il est essentiel de ne pas négliger la bienveillance, envers Soi d’abord puis envers les autres car avec la loi de causalité, cela créée une dynamique positive et vertueuse. C’est un refuge et aussi un moyen de se connecter aux qualités.
Face à ces nouvelles connaissances et aux expériences qui en découlent, il est possible d’engendrer davantage d’énergie positive dans sa vie grâce à la transmission. Partager, aider, apporter aux autres pour permettre à d’autres personnes de découvrir cette nouvelle voie : la voix du cœur.
Il n’y a pas meilleur guide que soi-même.
Suivre l’élan du cœur permet de vivre en conscience les mécanismes, d’avoir la foi et de la dévotion, tout en étant en contacts avec ses qualités. C’est une dynamique inestimable nourrie par l’amour inconditionnelle développée avec le calme qui permet d’être connectée à l’univers.
La pratique permet de se modeler davantage chaque jour afin d’acquérir et de conserver les qualités recherchées. Elle permet de développer la dévotion et l’enthousiasme sans que cela demande d’efforts, de rester connecté aux mécanismes, de développer les facteurs mentaux positifs pour continuer sur le cheminement de la cessation de la souffrance et ne plus cumuler d’empreintes négatives.
Passer du chercheur à l’aventurier permet de prendre conscience de l’illusion du contrôle de sa vie qui n’apporte que de la souffrance. Pratiquer le lâcher-prise et être dans l’Ici et le Maintenant permet de voir les contractions disparaitre grâce au fruit de la causalité. Et face à l’impermanence, avoir conscience de son mal-être et valider que désormais il y a une autre voie à suivre permet un changement complet. Réussir à lâcher prise sur la mort permet d’accepter la vie.
Cela demande du temps, de l’étude et de la pratique. Il faut ensuite continuer à faire vivre le chercheur et l’aventurier en chacun et rester concentrer sur ce qui est important dans la non-dualité.
Nous sommes là où nous devons être…ce n’est pas le lieu qui compte mais la manière de regarder. La joie se trouve partout, comme le soleil l’est, non visible ou caché par les nuages parfois mais présent.
La vie n’est qu’un jeu. En un claquement de doigt, tout est fini. Alors profitons-en pour la vivre pleinement en se connectant à l’essentiel, en comprenant l’étude, en continuant à apprendre, en pratiquant sans attente mais avec persévérance. Suivons la vibration du cœur et lâchons tout le reste, voilà le cheminement vers la cessation de la souffrance, voilà comment se révéler, voilà comment Etre.